Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
solidarisme et libéralisme

taposé, ou logiquement rattaché au solidarisme[1]. Sous sa première forme, la doctrine restait aussi modeste dans ses conclusions juridiques qu’elle semblait ferme dans ses principes scientifiques.


Lorsque nous la retrouverons quelques années après, nous constaterons, sur l’un et l’autre point, à la base et au faîte, du côté des principes et du côté des applications, des modifications significatives.

Et d’abord la science tient moins de place dans la théorie. Ses constatations s’effacent devant les évocations de sentiments, d’idées, de principes philosophiques. Dans ce décor nouveau, la physionomie du solidarisme mue peu à peu. Il laisse tomber dans l’ombre ses prétentions naturalistes. De plus en plus il revêt l’aspect, il prend l’allure d’une philosophie morale quasi-spiritualiste.

Et, en effet, on semble s’être rendu compte, à l’user, qu’il ne suffit pas, pour faire régner une loi morale dans les sociétés, de leur montrer à l’œuvre et de leur proposer en modèle les lois naturelles. La loi même de la solidarité, tant qu’elle n’obéit qu’aux seules

  1. V.dans la Revue de Métaphysique et de Morale, 1897 et 1898, l’article de M. Andler sur le quasi-contrat social, discuté par M. Darlu.