de la prévoyance, de l’ambition. Ce sont de ces notions qu’on comprend à demi mot, parce qu’elles sont du ressort de cette psychologie individuelle dont chacun d’entre nous possède les éléments : elles n’en sont pas moins comme les muscles et les nerfs des explications historiques.
Mais, est-ce seulement de cette psychologie individuelle que l’histoire a besoin ? Lorsque M. Hanotaux, résumant à grands traits notre histoire nationale, y discerne l’action de trois principes, le fédératif, l’unitaire et le libéral, et explique leur coexistence par le mélange des races gauloise, latine et germaine, que suppose une pareille explication ? L’admission préalable de certaines thèses d’ethnologie, suivant lesquelles les cerveaux gaulois, latins ou germains seraient prédestinés, par leur constitution même, aux idées fédéralistes, unitaires ou libérales. Et ces thèses, à leur tour, supposent la thèse plus générale de l’anthropologie, suivant laquelle la structure anatomique des hommes, leur brachycéphalie ou leur dolichocéphalie détermine leurs idées. Toutes les fois qu’un historien, à l’exemple des A. Thierry et des H. Martin, explique un fait, événement ou institution, par les qualités des races, il invoque, qu’il s’en doute ou non, les lois de l’anthropologie.
Mais l’histoire ainsi comprise est encore, au dire de Michelet « trop peu matérielle. Sans une base géographique, le peuple, l’acteur historique, semble marcher en l’air, comme dans la peinture chinoise où le sol manque… Le sol n’est pas seulement le théâtre de l’action. Par la nourriture, le climat, etc., il y influe décent manières. Tel le nid, tel l’oiseau. Telle la patrie, tel l’homme ». À la fois poète et philosophe, Michelet