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LA SOCIOLOGIE POPULAIRE ET L’HISTOIRE

rique, élaborations conscientes et méthodiques de l’historien ? Sans les faire comprendre il ne saurait faire revivre les événements. Cette synthèse qui doit, suivant Michelet, ressusciter les siècles veut être précédée, il le reconnaît, d’une analyse des différentes forces dont le concours explique leur marche. Ceux-là mêmes qu’on nomme les représentants de l’école narrative le déclarent. Selon Thiers, l’ordre de narration le plus beau, parce qu’il est le plus naturel, est celui qui a pu saisir « le lien mystérieux qui unit les événements, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres ». Pour constituer une histoire, une série de faits sans lien, totalement indépendants, comme les coups d’une partie de dés, ne suffit pas ; il y faut une série de faits reliés, et dépendant les uns des autres, comme les coups d’une partie d’échecs. Appelons érudit celui qui apporte et juxtapose les documents ; mais réservons le nom d’historien à qui les met en œuvre. C’est l’avis de deux représentants de l’école « objective », MM. Seignobos et Langlois, qui dans une Introduction aux études historiques définissent ainsi l’histoire : « Elle n’est pas la connaissance abstraite des rapports généraux entre les faits, elle est une étude explicative de la réalité. »

Il est établi que l’histoire veut être explicative : qu’est-ce donc qu’une explication ?

Une faille se produit dans la surface de la terre : comment l’expliquer ? Je sais d’une part que toute lame mince, soumise à des pressions inégales, tend à se rompre. Je sais d’autre part que la surface terrestre n’est en réalité qu’une coquille d’œufs, une croûte, une lame mince enfin, suspendue entre l’atmosphère qui pèse sur elle et le noyau du feu central qui, en se re-