nomiques. Mais, par contre, si l’on voulait en faire tout l’honneur à ceux-ci seulement, l’exagération ne serait pas moindre. D’importants mouvements économiques ont pu correspondre à l’émancipation des esclaves ; il n’en est pas moins vrai qu’en cette matière le dernier mot est resté, et reste aujourd’hui à la conscience. Elle peut aller bravement contre nos plus sûrs intérêts économiques, et nous sommes payés, ou, pour être plus exact, nous payons pour le savoir. En un mot, les droits et les devoirs peuvent tantôt seconder, tantôt aussi contrarier l’action des intérêts sur les formes sociales. Et ce n’est pas d’aujourd’hui que la morale a commandé aux hommes de s’unir et de s’organiser malgré la distance des sols, la différence des races ou même l’antagonisme des besoins.
À vrai dire, c’est surtout sous la forme religieuse que les croyances ont ainsi, autrefois, mené le monde social. L’étude des institutions les plus anciennes a clairement prouvé l’influence des religions sur ce que Sumner Maine appelle la « trituration » des sociétés. La religion n’a-t-elle pas fondé l’unité des familles primitives et des cités antiques ? Plus tard, ces premiers groupes sociaux n’ont-ils pas eux-mêmes été élargis, multipliés, entre-croisés par la religion ? Allant prendre par la main les individus les plus différents, civilisés et barbares, citoyens et paysans, maîtres et esclaves, elle s’est montrée capable de modifier aussi bien l’extension que l’organisation des sociétés.
Ces mêmes capacités, l’art peut les revendiquer à son tour : lui aussi entre-croise, multiplie, élargit les groupes sociaux, et plus d’une fois, dans les temps modernes comme dans l’antiquité, les communions esthé-