Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
LA DIVISION DU TRAVAIL

casion, ils mentionnent aussi l’accroissement de la masse des produits, c’est aux valeurs d’usage qu’ils pensent plutôt qu’aux valeurs d’échange. L’accroissement des valeurs d’échange, rabaissement du prix de revient des marchandises est, au contraire, ce qui frappe d’abord les modernes. Lorsqu’ils escomptent le bénéfice de la spécialisation, ils ont surtout en vue le travail analysé, et bientôt mécanisé dans la fabrique. Là surtout se cumulent les avantages que leurs théories énumèrent. L’adaptation, non seulement des organes, mais des instruments aux tâches diversifiées devient chaque jour plus intime. La spécialisation des entreprises diminue le nombre des « mobiliers industriels » complexes, qui seraient nécessaires à une société. La concentration des ouvriers et la décomposition de leurs travaux, en même temps qu’elles diminuent les pertes de temps inséparables du transfert des objets et du changement des occupations, raccourcissent aussi le temps nécessaire pour apprendre à confectionner un objet complet.

En un mot, grâce à ces économies de toutes sortes, de temps et d’espace, de capitaux et d’apprentissage, le rendement des forces humaines tend à son maximum dans la manufacture, et a fortiori dans la fabrique. C’est sous leurs espèces que l’économie politique admire la division du travail, créatrice de « l’opulence générale », qui inonde le marché universel de produits chaque jour plus nombreux et moins coûteux.

Le mouvement des esprits au XIXe siècle devait, par plus d’un côté, miner cette optimisme. On a souvent observé qu’après l’expansion de la philosophie individualiste, vers laquelle convergeaient la plupart des doctrines dominantes du XVIIIe siècle, un vague besoin