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LA DIVISION DU TRAVAIL

sent que rien ne faisait prévoir, auxquelles rien d’analogue ne correspondait dans les régimes économiques antérieurs. Elles ne résultent pas d’un morcellement ; c’est l’apparition d’espèces de biens jadis inconnus qui les suscite. Tel est le cas par exemple pour la photographie, la fabrication des glaces ou des vélocipèdes. Il y a là, à vrai dire, non pas division, mais création véritable.

Ainsi, — formation, subdivision, création des professions, décomposition des opérations, sectionnement de la production, — il faut, si l’on veut que les confusions soient évitées, avoir présents à l’esprit ces différents modes de la division du travail ; et lorsqu’on nous dira que la division du travail s’est développée à telle ou telle phase de l’évolution économique, il faudra préciser suivant lequel de ces modes cette division s’est opérée.

Non qu’il faille s’attendre à une correspondance étroite entre les phases historiques et les types que nous venons de distinguer. Jamais les catégories auxquelles aboutit l’analyse ne s’appliquent, avec une exactitude absolue, à telle ou telle tranche de la réalité. Mais ce qu’on peut légitimement espérer établir, c’est que cette catégorie, ici ou là, prédomine.

Par exemple, s’il est vrai de dire que là où la division du travail se développe le cumul des fonctions décroît, il ne faudrait pas en conclure que ce cumul est d’ores et déjà une habitude universellement abandonnée, et que désormais, dans les sociétés à civilisation complexe, chaque homme n’a plus qu’une occupation. Les statistiques récentes prouvent au contraire que le progrès des différentes formes de la spécialisation n’élimine