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L’HISTOIRE ET LA SCIENCE SOCIALE

C’est sur l’économie politique proprement dite, on le sait, qu’a porté le plus spécialement l’effort de Cournot pour ordonner rationnellement les faits. Et il a pu la rendre en effet théorique au point de l’apparenter, du moins par certains de ses côtés, à la famille des sciences mathématiques. Il y transpose des concepts dont on use pour la mesure des phénomènes matériels. Il propose d’appeler densité économique ou densité de valeur d’une denrée la valeur de cette denrée pour l’unité de poids. Il espère qu’on pourra établir quelque jour une table des équivalents économiques ou industriels, et constituer une cinématique des valeurs. Il montre que le principe d’économie ou de la moindre action trouve son application dans la banque comme dans la mécanique. Il propose enfin des formules qui permettent de calculer comment la demande varie en fonction du prix[1].

Quelle place son œuvre mérite d’occuper, en raison de ces innovations, dans l’histoire des doctrines économiques, et sur quels points cette application des mathématiques pourrait s’étendre avantageusement, il ne nous appartient pas de le rechercher ici. Il nous importe seulement de définir le procédé qui lui permet de dégager ainsi, de la multiplicité des faits, des rapports rationnels.

Sans doute on peut dire que d’eux-mêmes, et de plus en plus, les faits mettent en relief ceux de ces rapports qui sont d’ordre économique, s’il est vrai, comme nous venons de le voir, que le progrès de la civilisation générale augmente l’importance relative de ce qui s’évalue, se mesure, se compte, et fait passer au premier plan ces phénomènes de masses par lesquels s’expriment

  1. Principes de la théorie des richesses, 42, 61, 246.