duction eût entraîné peut-être des conséquences toutes différentes.
Combien il importe, si l’on veut apprécier la division du travail, d’utiliser ces distinctions, on s’en rend aisément compte. Et en effet, pour mesurer les résultats de la spécialisation, ce n’est pas le tout de savoir si un homme travaille dans une manufacture ou dans un atelier, si son travail est synthétique ou analysé, s’il fait un clou entier ou seulement une partie d’épingle. Mais dans quelles conditions sociales travaille-t-il ? Voilà ce qu’il importe de préciser. Et pour le préciser, il faudra distinguer encore, parmi les relations qui caractérisent un régime, celles qui relient l’homme aux choses, celles qui le relient directement aux personnes, celles qui définissent sa propriété, celles qui délimitent sa liberté. Les unes et les autres sont, à vrai dire, définies par des règles juridiques, qu’elles soient ou non expressément formulées. Mais ces règles sont tantôt « réelles », et tantôt « personnelles » ; tantôt elles se rapportent à l’état des biens, et tantôt à l’état des personnes. Il faudrait donc distinguer, dans les régimes mêmes auxquels la division du travail peut être soumise, entre l’aspect juridico-économique et l’aspect juridico-politique.
Le travailleur est-il ou non propriétaire des instruments avec lesquels il exécute sa besogne spéciale ? Est-il ou non acquéreur de la matière première ? vendeur du produit façonné ? Reçoit-il, comme il arrivait souvent à l’artisan du moyen âge, la matière à façonner de l’acheteur, qui loue en quelque sorte ses services ? Entre celui qui l’emploie et lui, y a-t-il communauté à la fois de production et de consommation, comme dans la famille antique, ou seulement communauté de production, sans aucune espèce de communauté de consommation, comme dans l’industrie moderne ? L’ouvrier spécialisé à domicile travaille-t-il « à son compte » ou au compte d’un entrepreneur ? Les ouvriers entre lesquels le