savante architecture qui étage, suivant un ordre sacré, la multiplicité des castes hindoues !
La pierre angulaire de tout l’édifice est, nous l’avons vu, la primauté universellement reconnue de la caste brahmanique. Si diverses que soient les castes, et si fermées qu’elles restent les unes aux autres, un commun respect du Brahmane les oriente dans le même sens, et pèse sur toutes leurs coutumes. On nous a montré que la plupart de ces coutumes s’expliquent par le sentiment d’une parenté commune ; il est remarquable que, pour fort que puisse être ce sentiment, il a dû s’incliner devant le caractère auguste des Brahmanes : le cercle fermé des parents s’ouvre pour eux. Non seulement ils président à la plupart des cérémonies de la famille – les Hindous les plus pauvres ne voudraient pas marier ou élever leurs enfants sans leur assistance[1] – mais encore, dans certains cas, ils se substituent pour ainsi dire aux parents. Ainsi l’usage du repas funéraire, offert aux mânes des ancêtres, est répandu en Inde comme dans beaucoup d’autres contrées ; mais en Inde ce sont les Brahmanes qui viennent s’asseoir à la place des ancêtres. Le banquet familial est offert avec leur permission, sous leurs auspices, en leur honneur ; ils sont censés représenter les aïeux et mangent en leur nom[2]. De même, en cas de meurtre, la composition était sans doute payée primitivement, en Inde comme ailleurs, à la famille de la victime ; finalement, c’est au Brahmane qu’elle revient[3]. Sur plus d’un point, on voit donc le prestige du prêtre primer les souvenirs, pourtant si puissants, des premiers groupements familiaux. On sait d’autre part que, si ces groupements s’étagent, c’est dans la mesure où ils se rapprochent ou s’éloignent de la classe sacerdotale. La supériorité incontestée de cette