nuels en vers, eux-mêmes antérieurs aux Dharmabandhas qui ne sont que des commentaires, il est postérieur aux Dharmasoutras, collections plus ou moins élaborées d’aphorismes védiques en prose. Il y a donc des chances pour que la Smriti de Manou présente des caractères moyens : on nous la donne par exemple comme moins archaïque que celle de Gautama, et moins moderne que celle de Nârada[1].
Ce qui frappe au premier abord le lecteur européen des lois de Manou, c’est la multiplicité et la variété des prescriptions qui lui semblent totalement étrangères à la sphère du droit. « Il ne faut pas se coucher les pieds humides – ni les laver dans un bassin de laiton. – Pour composer le gâteau de riz des repas funéraires, tels ingrédients sont indispensables, tels autres interdits – et surtout que le plat soit servi bien chaud. – Ne néglige pas d’inviter ton voisin. – Garde-toi de sauter par-dessus la longe d’un veau. – Que la ceinture du Brahmane soit faite d’un triple cordon d’herbe moundja unie et douce ; celle d’un Kshatriya d’une corde en herbe mourva ; celle d’un Vaiçya, de fil de chanvre, etc.[2] ». – Recettes de cuisine ou de couture, mesures d’hygiène, conseils de politesse ou règles d’étiquette se rencontrent et se mêlent dans cette olla-podrida de préceptes.
Mais si divers que soient ces éléments, la plupart portent une même marque, très apparente : et c’est l’estampille de la religion. Nous comprenons bientôt que s’il est commandé, sans condition, de se laver ou de se nourrir d’une certaine façon, de ne pas toucher tels objets ou telles personnes, c’est qu’autrement on se sentirait impur, on craindrait de n’être pas en règle avec les puissances divines. Si tels ingrédients sont interdits et tels autres
1. Jolly. Recht und Sitte (Grundriss der indo-arischen Philologie, Bd II, 8 Heft) p. lA-iQ.
2. Lois de Af anou (Trad. Loiseleur-Deslongchamps), II, 45. III, ai 5, a36. IV, 38, 76. VIII, 891.