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LES RACES

un peu sceptique » ? demandait M. Senart 312. Mais comment justifier notre scepticisme, si nous n’avons pas de documents à opposer à ceux de M. Risley ?

Heureusement M. Risley a fait école. L’enquête anthropométrique s’est poursuivie. Des statistiques nouvelles nous permettent de limiter la valeur des formules générales qu’on aurait cru pouvoir tirer des premières mensurations.

On fait observer d’abord que le Bengale, où ces premières mesures ont été prises, offre sans doute un milieu exceptionnel. « L’immigration aryenne n’y a jamais été bien dense, comme le montre la langue, qui n’est sanscrite que par le vocabulaire » 313. Peut-être, en effet, les races s’y sont-elles moins longtemps mêlées, et les types y subsistent-ils moins brouillés. Mais si l’on étendait ces recherches vers le Sud, on constaterait que le mélange est depuis longtemps un fait accompli. Les plaines de l’Inde, remarque le Dr Cornish 314, n’ont jamais pu porter un peuple purement aryen. Ou bien il a disparu, ou bien il s’est fondu avec les aborigènes. Sans descendre si bas, nous trouvons, dans les provinces du Nord-Ouest et de l’Oudh, nombre de données anthropométriques contraires aux thèses anthroposociologiques. C’est M. Crooke qui les a rassemblées, avec la même méthode que M. Risley, dans une œuvre non moins « monumentale » 315. Il a mensuré 4 906 sujets. Ses mesures lui permettent-elles d’énoncer des lois analogues à celle qui nous étonnait ? En aucune façon. L’indice céphalique des « deux-fois-nés » ne diffère pas sensiblement de l’indice céphalique des aborigènes – ce qui va de soi – ; mais ce qui est

I. Les Castes dans l'Inde, p. 200.

a. Barlh. Bulletin des Religions de l'Inde, dans la Bévue de V Histoire des Religions. Tome XXIX, p. 58.

3. Madras Census Report. I,p. 1 16-175.

4. The Tribes and Castes of the North- tVestern Provinces and Oudh. 4 vol.