Page:Boufflers - Oeuvres - 1852.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
BOUFFLERS.

payer abondamment des soins que vous aurez pris ; cette eau transparente vous invite à la puiser ; du haut de cette montagne, votre œil pourra découvrir à la fois plusieurs royaumes ; montez-y, vous y respirerez un air plus vif et plus sain ; vous y serez plus loin de la terre et plus près des cieux ; considérez de là ce que vous avez perdu, et vous me direz si vous voulez le retrouver.

Je tombai aux pieds de la divine Aline, pénétré d’admiration pour elle et de mépris pour moi. Nous nous aimâmes plus que jamais, et nous devînmes l’un pour l’autre notre univers. J’ai déjà passé ici plusieurs années délicieuses avec cette sage compagne ; j’ai laissé toutes mes folles passions et tous mes préjugés dans le monde que j’ai quitté ; mes bras sont devenus plus laborieux, mon esprit plus profond, mon cœur plus sensible. Aline m’a appris à trouver des charmes dans un léger travail, de douces réflexions et de tendres sentiments ; et ce n’est qu’à la fin de mes jours que j’ai commencé à vivre.