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PRÉFACE D’ALINE.

Dont le hasard m’avait fait père,
Fit à ses parents un mystère ;
Mais sa taille à la fin parla ;
Sa mère même apprit par là
Qu’elle serait trop tôt grand’mère.
J’ai remarqué que les parents
Ont tous un singulier caprice :
Ils veulent qu’on les avertisse
Avant de faire des enfants ;
Mais il est rare qu’on le puisse.
Mon Aline n’avertit pas,
Faute d’avoir prévu le cas.
La maudite mère en furie
Donne cent coups à ma beauté ;
Son doux visage est souffleté,
Sa gorge d’albâtre est meurtrie ;
Et, pour comble de cruauté,
Mon brutal beau-père irrité
Chasse à jamais de sa patrie
Aline et ma postérité.
Cependant, malgré ce tapage,
Pour Aline rassurez-vous ;
Le ciel est toujours assez doux
Pour la beauté qui n’est pas sage,
Et jamais un joli visage
Ne fut, dit-on, mangé des loups.
D’Aline une ville inconnue
Reçut un petit citoyen :
Partout elle fut bien reçue ;
Elle ne manqua plus de rien,
Et des gens qui depuis l’ont vue
M’ont dit qu’elle se portait bien.