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mortels que sur Pravir ? — Oui, chère enfant, détourne les yeux de ton âme pour lire dans la mienne, tu y verras l’amour d’une mère qui adore sa fille, la douleur d’une mère que sa fille n’aime point. — Non, ma bonne mère, dit Pravir en s’élançant dans les bras que sa mère lui tendait, je ne verrai plus que ton amour, tu ne verras plus que le mien.

Puis, en se retirant pleine de tendresse et de repentir, ses regards ont rencontré par hasard cette même image qu’elle craignait de revoir ; elle la trouve comme un tableau. dont tous les traits, auparavant difformes, auraient ensuite été corrigés par un habile maître. — Ô prodige ! s’écria-t-elle, je me retrouve, ma mère ; je me dois encore une fois à ton amour. — Non, ma fille, c’est au miracle qui atteste le pouvoir d’un dieu ; rends grâce à Indra, qui a voulu te montrer presque ce que tu peux sur toi. Te voilà donc revenue presque entièrement à cette beauté qu’il t’avait donnée d’abord comme un modèle à imiter. Il s’en applaudissait, et t’invitait à rassembler en toi toutes les perfections dont elle offre l’image. Mais es-tu contente, ma fille ? et ne vois-tu pas sur ce front une ombre qui n’est pas encore éclaircie ? — Hélas ! ma mère, c’est peut-être un reste de punition. — Non, ta beauté dépend de loi ; mais cette ombre annonce qu’il reste encore quelque ennemi que tu ne connais pas, et qui plane au-dessus de toi. — Ma mère, défends-moi de notre ennemi, car c’est aussi le tien ; dis-moi comment je puis le conjurer. — En aimant. Vois à côté de toi cette image que rien n’obscurcit, où Kama, l’ami des cœurs, se peint en traits de lumière ; tu es plus belle peut-être à des yeux mortels, mais veux-tu l’être moins à des yeux qui voient tout ? — Ô ma mère ! c’est ma sœur ; aide-moi à l’aimer. — Eh ! comment ? — En me disant que