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vieillir le cœur. Madame de St.-Victor a plus de quarante ans, et M. Lambert passe la cinquantaine ; mais ce sont vraiment des amoureux de quinze ans : Ils en ont toute la chaleur, toute l’inquiétude, tout l’embarras ; on ne voit pas, dans le conte, l’âge de l’homme et de la femme, on ne voit que l’âge des amans. On les aime ; on s’intéresse à leur amour, qui n’est pourtant qu’une réminiscence, comme à l’amour de jeunes gens qui aimeraient pour la première fois, et aimeraient avec toute la vérité, toute la chaleur de la jeunesse.

M. de Boufflers a eu l’art de jeter, sur son conte, une légère teinte de comique, sans nuire en rien au sentiment. Sa narration est toujours animée, rapide, entraînante ; son style toujours léger et gracieux. Il a toujours de l’esprit sans effort ; il en a beaucoup ; les critiques sévères diront peut-être qu’il en a trop ; mais,