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le tems d’en avoir pour si peu de chose — si bien, qu’il se jeta à ses pieds, où il luy jura que, puisqu’elle joignoit à tant de charmes une vertu si delicate, cela le pourroit déterminer à luy donner des asseurances qui luy prouveroient ce qu’il taschoit en vain de luy persuader. Il ajouta, d’un air qui luy paroissoit fort naturel, qu’il se feroit une joye de contribuer à la fortune d’une si aimable personne, et qu’il souhaitteroit que la sienne fust plus considérable, afin de la rendre plus heureuse ; mais qu’il ne pouvoit luy sacrifier que les choses dont il estoit le maistre, et qu’il s’estimeroit au comble de son bonheur, si elle vouloit bien s’en contenter.

On peut aisement s’imaginer combien la Moliere estoit flattée par le discours de Du Boulay. Elle luy protesta, à son tour, qu’il estoit celuy de tous les hommes pour qui elle avoit le plus de penchant, et qu’il auroit tout lieu d’estre content de sa tendresse, quand elle pourroit luy en donner des marques avec bienséance. « Eh quoy ! Mademoiselle, qui vous peut arrester, après les asseurances que je vous donne que vous serez satisfaite dans peu de jours ? Doutez-vous de la vérité de ce que je dis, et suis-je un homme à vouloir vous tromper ? »

D’un costé, elle craignoit que sa facilité ne rebutast Du Boulay ; de l’autre, elle appre-