Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre avis — un détail ignoré, à savoir que la liaison de Guérin et de Mademoiselle Guyot ne daterait pas de l’arrivée de celle-ci au Marais, mais de quatre ou cinq années auparavant, lorsqu’ils étaient probablement tous deux en province, dans la même troupe, que Guérin aura quittée pour venir à Paris, en n’appelant sa maîtresse qu’après lui avoir assuré un engagement.

Remarquons toujours que l’intérieur de Madame Molière ne semble pas moins connu de l’auteur que celui de Guérin ; qu’on rapporte souvent des dialogues entre l’un de ces personnages et Mademoiselle Guyot ; que, notamment page 34, on rappelle une intervention de cette actrice, détail trop insignifiant pour n’être pas un excès voulu de minutieuse véridicité ; qu’une haine aussi acharnée n’était légitime que chez une seule personne, Mademoiselle Guyot ; enfin que l’on sait les affaires privées des Guérin aussi parfaitement que leurs faits et gestes publics, détails qui ont reçu des découvertes de M Eud. Soulié une évidente confirmation. De tout cela que faut-il conclure ? Que Mademoiselle Guyot, retirée en 1684, employa les momens de loisir que lui laissait son poste de comptable à la Comédie, à écrire le pamphlet, pour se venger de son amant et de celle qui le lui avait enlevé ? Je ne l’ose pas ; car je verrais une preuve morale s’élever contre moi : l’abandon de Mademoiselle Guyot par Guérin datait au moins de 1676, c’est-à-dire de onze années, et la vengeance n’aurait pas attendu si longtems chez une femme, surtout chez Mademoiselle Guyot, qui était une espèce d’amazone.

Faut-il soupçonner Chapelle ? Il était mort en 1686, ce qui, à moins d’une édition de 1685, clôt la discussion. Dans le cas opposé, nous répondrons qu’il était trop insouciant pour écrire un pamphlet, qu’il avait été l’intime ami de Mo-