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la maison de ladite Molière. Ce fait, bannies pour trois ans de la ville, prévôté et vicomte de Paris ; enjoint à elles de garder leur ban à peine de la hart, et solidairement en 20 livres d’amende envers le Roi, 100 livres de réparations civiles, dommages et intérêts envers ladite Molière, et aux dépens… » La Tourelle s’échappa. Ce fut, selon toute probabilité, Lescot qui, par son influence auprès de ses confrères, lui en procura les moyens[1] : en somme, il le lui devait bien. La Ledoux appela de la sentence, qui fut confirmée, le 17 octobre, par un arrêt du Parlement, et exécutée.

11° « Punies devant l’Hostel de Guénégaud, où loge la Molière. » — Madame Molière ne logeait pas précisément à l’Hostel de Guénégaud. Ce théâtre, que Sourdéac avait construit fort profond pour ses jeux de machines, occupait le n° 42 actuel de la rue Mazarine et allait jusqu’à la rue de Seine dans laquelle il avait issue[2]. Lorsque les Comédiens l’achetèrent, en 1673, Madame Molière, comme femme de l’ancien directeur, exerça pendant quelques années une sorte de décanat, au moins tacitement reconnu, quoique la troupe fût en société. À ce titre, elle loua, le 16 août 1673, par bail de six ans, avec Aubry et Geneviève Béjart, l’Hôtel d’Arras, rue de Seine[3], en se réservant « le droit d’ouvrir une porte sur la montée du corps de logis de derrière pour avoir communication au théâtre. » Le bail devait

  1. On le voit par l’enquête ouverte au sujet de cette évasion ; elle fut abandonnée peu de tems après, sans qu’on eût repris la fugitive.
  2. Le n° 44 de la rue Mazarine contenait les loges d’acteurs et les salles d’administration. La porte à colonnes, qu’on voit encore dans le passage du Pont-Neuf ; était l’entrée des artistes.
  3. N° 41. L’appartement de Mme Molière est celui du 1er  étage, au fond de la cour.