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il expiait, dans le cloître de la famille, les crimes qu’il pensait avoir-commis, en composant Phèdre et Bajazet. Malgré sa méchanceté, que prouvent ses épigrammes et quelques traits de sa vie, je ne crois pas qu’il eût été capable d’écrire un livre aussi violent ; lui aussi y aurait eu la main plus délicate.

Quel peut donc être l’auteur de la Fameuse Comédienne ? Il est toujours périlleux de vouloir éclairer, au bout de deux siècles, des faits restés obscurs pour les contemporains ; tout ce qu’on peut, c’est de préserver certains noms. Examinons cependant en quoi le libelle est en défaut, la part de vérité qu’il renferme, et tâchons d’en fixer la provenance.

Commençons par les erreurs :

1° II avance que Mme  Molière fut, à la même époque, la maîtresse de l’Abbé de Richelieu, du Comte de Guiche et du Comte de Lauzun. — Bazin affirme que le premier se trouvait alors en Hongrie et le second en Pologne. Nous acceptons ces alibis sans pouvoir en vérifier l’exactitude, Bazin ayant négligé d’en fournir le moyen. Quant au Duc de Bellegarde, que la Fameuse Comédienne mêle à une ignoble intrigue, le même écrivain prétend qu’il n’y avait, à cette époque, d’individu portant ce nom qu’un certain « Jean-Antoine Arnaud de Gondrin, Marquis de Montespan, qui se fit nommer par ses amis, et sans conséquence, Duc de Belle garde ; mais c’était alors un vieillard septuagénaire, retiré du monde, etc. » Soit pour Baron ; mais à l’égard de l’autre, ce ne serait là qu’une demi-preuve : Bazin connaissait mieux le xviie siècle que l’histoire contemporaine.

2° La Princesse d’Elide fut jouée à Chambord. — Elle le fut à Versailles, dans les fêtes de mai 1664, et à Fontainebleau, en juillet. C’est le 9 novembre qu’on en commença les représentations à Paris. Ce qui a pu, du reste, établir une