Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivales de théâtre, non-seulement la Guérin, mais encore la Guyot, qui y est traitée de la manière la plus cruelle ? Si La Fontaine avait écrit « sous la dictée » de Mme de Champmeslé, il eût fait le panégyrique de cette actrice : loin de là, son nom n’est pas même prononcé. Quant à Mlle Guyot, non-seulement elle n’est pas traitée de la manière la plus cruelle[1], mais il n’y a rien qu’à son avantage. — La Fontaine était en relation d’affaires avec les libraires de La Haye, d’Amsterdam et de Liège ? N’y avait-il que lui ? La Hollande était l’officine générale des pamphlets sous l’ancienne monarchie. — « L’ouvrage a été réimprimé, en 1690, à Dombes, c’est-à-dire dans l’imprimerie particulière du Duc du Maine, à Trévoux. » — cette imprimerie n’a été fondée qu’en 1695 — « si cette rubrique de Dombes n’est pas une allusion satirique à l’intrigue amoureuse de la Béjart avec le Duc de Lauzun, qui venait alors d’épouser secrètement Mlle de Montpensier, souveraine de Dombes ? Elle ne l’était plus depuis 1682, et d’ailleurs, l’allusion eût été bien tirée de longueur. — La Fontaine aurait corrigé l’édition de 1690 ? Il suffit d’en lire trois pages pour voir que c’est une caricature de l’édition princeps. Aurait-il, en outre, fait demeurer, à cette époque, la Comédie rue Mazarine, tandis que, depuis un an, elle avait émigré rue des Fosses-Saint-Germain-des-Prés ?

Ajoutons que M. P. Lacroix, ainsi que Barbier, ne semble pas connaître l’édition de 1697.

On voit combien toutes ces hypothèses sont dénuées de fondement et diaprées d’erreurs matérielles. Mais l’attribution du livre à La Fontaine aurait dû rencontrer chez le savant Doyen des érudits une répulsion dont l’absence ne se jus-

  1. La seule phrase qui soit désagréable pour elle est relative à son engagement et à celui de Guérin « faute de meilleurs acteurs. »