Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jonzac et Desbarreaux qui nous arrivent… — Allons nous mettre à table, mon ami, et commencez par ce qui vous a déjà plusieurs fois réussi, c’est-à-dire par vous relâcher sur l’austérité de votre triste et maudit régime. Imitez-nous enfin, quoique de loin, et parlons de choses plus gaies. » Ce passage ne figurant pas dans l’édition annoncée, non plus que dans les autres, Barbier et, d’après lui, M. Taschereau ont cru qu’il a existé deux éditions de 1690. Nous ne partageons point cet avis ; car, dans cette hypothèse, parmi les écrivains qui ont reproduit le fragment en question, il s’en serait trouvé qui auraient pris l’édition 1690 bis. D’ailleurs, à partir de « Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé. » Laplace déclare qu’il copie textuellement le dialogue, ce qu’il est loin de faire. Son chapitre intitulé Visite de Chapelle à Molière est un arrangement très fantaisiste de l’épisode raconté par les Intrigues amoureuses.

L’édition de Dombes, 1690, est une reproduction, sans coupure, de celle de 1688 ; mais, outre que l’exécution matérielle en est inférieure, le style en a subi, notamment dans la première moitié, des modifications gratuites, qui n’ajoutent rien au sens, ni à la forme, et ne sont qu’une fade paraphrase du texte primitif. J’ignore ce qui a fait penser à M. P. Lacroix que c’était une édition corrigée, c’est-à dire améliorée. (Pourquoi n’est-ce pas celle-là qu’il a réimprimée ?) Une autre preuve que cette édition et les suivantes sont bien des contrefaçons ineptes de la première et n’ont pas été corrigées par l’auteur, ce sont les anachronismes qu’elles contiennent : certains détails, vrais en 1688, ne l’étaient plus deux ans après. Nous reviendrons sur ce point.

Histoire des Intrigues amoureuses de Molière et de celles de sa femme. Francfort, Frédéric Arnaud, 1697 ; in-12 de 96 p. : reproduction française