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À MONSEIGNEUR
LE GARDE DES SCEAUX

MONSEIGNEUR,

La Communauté des Libraires & Imprimeurs Jurez de l’Univerſité de Paris, allarmée des preſſantes & vives ſollicitations que font les Libraires de Province auprès de Votre Grandeur, pour enlever les Privileges accordez aux Libraires de Paris pour l’impreſſion des Livres, lui repréſente très-humblement, que la prétention des Libraires de Province réſiſte ſi directement à la raiſon, à l’équité naturelle, aux Loix & aux Uſages du Royaume, qu’il eſt étonnant qu’ils ayent oſé s’adreſſer au Magiſtrat à qui la manutention de la Juſtice & l’harmonie de l’État ſont ſingulierement confiées, pour autoriſer une entrepriſe qui bleſſe également l’une & l’autre.

Deux propoſitions fondées ſur les principes qui forment le lien le plus intime de toutes les Societez bien policées, & deux conſequences qui en ſeront des ſuites néceſſaires, mettront cette vérité dans une parfaite évidence, qui en faiſant diſparoître sans reſſource le ſpecieux prétexte du Bien Public, dont les Libraires de Province abuſent pour ſurprendre la Religion de V. G. rendra à ceux de Paris leur tranquilité, l’honneur de ſa Protection — que l’on s’efforce de leur ravir, & en même tems conſervera aux Lettres les avantages qu’elles tirent depuis ſi longtems des Privileges & de la Protection dont nos Rois ont bien voulu les gratifier juſqu’à préſent.

Comme les maximes que nous avons à oppoſer à la prétention de nos Adverſaires, tirent leur origine du Droit Public & de celui des Gens, nous ne croyons pas pouvoir nous diſpenſer de faire une obſervation préliminaire ſur les principes qu’ils nous fourniſſent ; non ſeu-