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partout de même, & de ne rien confier au hazard.

Cette Dècouverte est savante, parce que les Enfans & les Personnes raisonnables qui savent lire selon cette Mèthode, sont en ètat de rendre raison de tous les mots qu’ils prononcent, ce que ne peuvent faire ceux qui ont appris par la Mèthode vulgaire.

Elle est facile, puisqu’un Enfant, après la première leçon, étudie seul, sans le ministere du Maître, qui n’en prête d’autre que celui de l’oreille pour écouter si l’Enfant ne se trompe pas. Il arrive de là qu’un Enfant qui fait se conduire, ne fait plus qu’un jeu amusant en sons & en rimes, d’une étude qui ètoit auparavant pour lui un labyrinthe d’épines & d’écueils ; & pour les Maîtres un ennui suffoquant d’entendre epeler quantité de lettres, & de se voir obligé après cette premiere opèration de dire le son qui doit en résulter, sans quoi un Enfant ne pourroit jamais le trouver. Si dans le cours de la lecture un Enfant se trompe, le Maître ne dit pas le son, il l’indique seulement par des termes faits exprès qui sont au nombre de neuf, dont cinq regardent la voyelle e, & les quatre autres c g n. Ces neuf termes sont : fermé, bref, françôis, ouvert, muët, dur, doux, vocal & nazal. Ces termes forment une espece d’exercice, qui est un jeu pour les Enfans, & un amusement pour les Maîtres, dont ces derniers ne joüissent que dans les commencemens, & dont ils sont privés lorsqu’un Enfant sait lire. Ce contraste est bien differend de l’usage vulgaire & de toutes les autres Méthodes, selon lesquelles un Maître se trouve excédé d’ennui dans les commencemens, & n’a de satisfaction que lorsqu’il a perfectionné ses Elèves.

Cette Mèthode est courte. Il n’y a que cinq tables d’une petite page chacune, encore ne faut-il en apprendre que trois, on sifle les dernieres. Ces cinq tables embrassent toutes les Mèthodes, & elles y sont propres même à la vulgaire. Car ceux qui