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en latin, à livre ouvert ; deux autres en un mois ; un jeune Seigneur du College d’Harcourt, en trois semaines. Tous ces faits sont attestés par des certificats.

Ajoutons à ces progrès rapides la facilité d’apprendre la mèthode, puisqu’une Fille qui donne des leçons dans Paris, l’a apprise en quatre leçons ; & la facilité que les Enfans ont d’apprendre les sons, puisqu’une Demoiselle du premier rang âgée seulement de vingt-sept mois, les a appris en quinze jours.

On demandera peut être, si en lisant seulement ce qui est dit de l’Art d’enseigner à lire, on peut l’apprendre de soi-même, sans entendre prononcer les sons simples, les doubles, & ceux des consonnes qui y sont unies ? C’est ce que l’Auteur ne fait pas plus que si on lui demandoit, si quelqu’un a pû de lui-même apprendre la Musique ou le Pleinchant, lorsque celui qui en a inventé l’Art, a reprèsenté les tons avec des nottes.

L’Auteur fait qu’il y a des mots de deux syllabes qu’un Enfant lit en siflant. On sifle de deux manieres ; à la françôise, & à l’allemande. Le siflement à la françôise est pour lire la consonne s devant & après une syllabe, & le c devant un e muët. Le siflement à l’allemande est pour lire ch en françôis, devant & après les cinq voyelles. On souhaiteroit, pour satisfaire la curiosité du Lecteur, qu’il fut possible d’écrire ces deux siflemens.

L’Auteur fait encore que la Mèthode d’apprendre à lire par les sons a six avantages, qui ne se rencontrent en aucune autre. Elle est réguliere, savante, facile, courte ; elle apprend l’Ortographe, & elle donne la clef pour apprendre la prononciation des langues ètrangeres.

Elle est réguliere, parce qu’elle est fondée sur la connoissance des sons qui sont des guides sûrs. Elle apprend donc à agir par regles, & à ne rien lire à l’aventure. Un Enfant èlevé à faire sa premiere ètude selon les regles, contracte l’habitude d’en user