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vient inutile de lui faire des leçons particulieres des deux dernieres qui ne sont presque partout augmentées que de la consonne s devant ou après la syllabe ; en lui faisant sifler cette lettre qui ne s’articule pas, il prononce toute la syllabe. Comme on ne peut ècrire ce siflement qui part d’entre les dents, non plus que les sons simples & les doubles, c’est aux Maîtres de tâcher de les apprendre d’eux-mêmes, ou de chercher à s’en instruire. Il ne faut pour cela que des yeux pour voir les caracteres qui indiquent les sons, de la langue pour les articuler, & de l’oreille pour les entendre : ainsi l’esprit n’y est pour rien, cela dépend uniquement des sens.

Il reste à montrer comment un Enfant qui fait les sans simples & les doubles peut trouver & former de lui-même les sons d’assemblage, c’est à-dire d’une ou de plusieurs consonnes devant & après une ou plusieurs voyelles.

Cette opération est des plus simple. On lui propose b devant a ; si l’Enfant n’en trouve pas la dénomination, on lui dit ba. On peut être assuré qu’après lui avoir dit cette premiere dénomination, il trouvera & formera celles de b devant e, devant i, devant o & u.

On lui propose tr devant a, tr devant e, devant i, &c. Ensuite str devant a, devant e, &c. L’Enfant n’a qu’un siflement de plus à faire.

On lui propose b après a, b après e, après i, &c. Ensuite b & s après a, après e, après i, &c. Il n’a qu’un siflement de plus à faire.

Ce changement diffère si peu de l’usage vulgaire qu’il ne doit revolter personne, & il opere des progrès si prompts & si merveilleux, qu’il ne peut qu’exciter la curiosité de quiconque a des Enfans.

En matiere de preuve, la plus évidente & la moins sujette à rèplique, est le fait. Un Entant à Paris qui ne connoissoit que ses lettres, l’Auteur l’a fait lire en quinze jours, en françôis &