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seconde, gamma epsylon guè ; & pour la troisieme lambda omycron zeugma los. Au lieu que pour articuler ce mot grec selon l’Art d’enseigner à lire, on dit à un Enfant, pour former la premiere syllabe, de prononcer seulement l’n vocale après a, pour la seconde le g dur devant l’e bref, & pour la derniere l devant o en siflant après à la françôise.

Quoiqu’un Enfant apprenne à lire en peu de tems par cette nouvelle Mèthode, il ne faut pas croire qu’il lira d’abord couramment. L’habitude ne se donne point, elle s’acquiert par des actes reitèrés & multipliés, car pour lire comme nous faisons, il faut au moins un an entier aux Enfans les moins lents.

On reconnoit de mème qu’un Enfant peut apprendre à lire par toutes sortes de Mèthodes, nouvelles & anciennes. Nos Peres ont appris par la Mèthode vulgaire, mais avec combien de difficultés ! Les Enfans qui apprennent encore par cette Méthode nous en retracent amèrement le souvenir. Aussi ne savent-ils lire que par routine, & aucun n’est capable de rendre raison de la prononciation des mots qu’il a lus.


L’ART
D’APPRENDRE L’ORTOGRAPHE.


IL est une troisieme chose que l’on nous apprend par routine, & qui se peut apprendre par principes, c’est l’ortographe. Nous en avons deux, l’une d’usage, & l’autre de principes. L’ortographe d’usage a pour objet les articles, les noms & les pronoms au singulier : les adverbes, les prépositions & les conjonctions. Ces trois dernieres parties d’oraison qui sont indéclinables s’écrivent partout de même ; c’est en considèrant dans les livres comment ces mots sont écrits qu’on en acquiert la connoissance. L’ortographe de principes a pour objet le pluriel & les differen-