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dans nos rues ont tué le Japon tout net et sans miséricorde ; il ne surnage du fatras que les belles œuvres de ces décorateurs de premier ordre, classées, admirées en dépit des horreurs partout étalées. Le livre ne s’embarrasse plus de les imiter, il se cherche d’autres amours.

Par sa nature même de pouvoir et même de devoir s’insinuer sans efforts entre ses pareils sur les rayons d’une bibliothèque, le livre relié ne comporte aucune saillie. Grands dieux, qu’osé-je dire là, et comme je cueille des verges ! Mais alors, et les cuirs ciselés, et les abeilles impériales ancrées dans le maroquin, et les émaux de Popelin enchâssés, et les bronzes japonais semant les plats ! Réactionnaire, grolliériste, empêcheur de relier en rond je suis ! Qu’importent les saillies si, comme le doit faire tout amoureux de reliure qui se respecte et choie ses trésors, il boucle ses livres dans un écrin pour les garder de mâle occurrence ! Voici où nos sentiments rétrogrades se montrent dans leur monstrueuse horreur.

Le livre bien relié, solidement établi, défiant les insolences de la poussière ou des manipulations, n’a pas besoin d’écrin.