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II

 
Viens que l’on t’épouvante et que l’on te rassure.
Pour la dernière fois je maudis ta luxure,
O toi qui m’enfantas ce peuple d’Israël !
Ton Époux est un Dieu, femme, et non pas un homme.
C’est le Clément, le Saint, le Béni qu’on me nomme ;
Oui, parole de l’Éternel !

Le jour, dit le Seigneur, où tu fus mise au monde,
Tu gisais dans ton sang comme une chose immonde.
Personne, entre les tiens, n’avait enveloppé
Ton petit corps sanglant et souillé par l’ordure.
Elle t’abandonna, ta mère impie et dure,
Dès que ton nombril fut coupé.

Or, comme elle avait eu moins de pitié qu’une ourse,
Je te purifiai, moi, dans l’eau d’une source.
Je te frottai de sel et je t’emmaillotai.
Tu cessas, par mes soins, d’être une enfant débile.
Tu grandis et voilà que tu devins nubile ;
Je voyais croître ta beauté.