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C’est moi qui vous chassai d’une sainte patrie,
Moi qui vous fis broyer du sable avec vos dents,
Lorsque, ayant accompli ses actes impudents,
Jérusalem devint une autre Samarie.

Voici longtemps que sous le ciel de l’étranger
Mon Israël respire un air lourd qui l’oppresse.
C’est le pain de l’angoisse et l’eau de la détresse
Qu’un peuple sans merci lui fait boire et manger.

Ah ! qu’ont-ils fait de toi, ma brebis égarée ?
Toi que je nourrissais dans mes prés les plus gras,
Toi que j’ai si souvent portée entre mes bras,
Le terrible lion d’Assour t’a dévorée !

Rien ne restait pour les oiseaux ;
Mais celui qui remplit la terre d’épouvante,
Le lion de Babel, vint à l’aube suivante
Et, féroce, il rongea tes os.

Mais, ô Juda, tu vas revivre !
Tous, je vous ferai boire aux sources du salut.
O race d’Abraham, du juste qui me plut,
Il est temps que je te délivre !