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Vos hymnes me seront d’agréables murmures.
Il faudra, même au temps où les grappes sont mûres,
Sanctifier le jour où j’ai pris mon repos.
Les prémices des champs, votre Dieu les réclame.
Il veut que devant lui crépitent sur la flamme
Les premiers-nés de vos troupeaux.

Car c’est à moi, la terre, et tout ce qu’elle enferme,
De l’être qui respire à la plante qui germe.
Je fais vivre et mourir ; je frappe et je guéris.
Eh ! bien, qu’Israël vive, et triomphe, et s’accroisse !
Écoute-moi, mon peuple. Au jour de ton angoisse,
Moi, j’ai bien écouté tes cris !

Ne choisis point la mort quand je t’offre la vie ;
Sinon je ferai choir sur ta nuque asservie
Un joug plus écrasant que celui d’autrefois.
L’étranger nourrira ses chevaux de ton orge.
La peur te rendra fou. Je livrerai ta gorge
Au glaive d’implacables rois.

Si tu sers d’autres dieux, vois-tu, si tu me railles,
Je maudirai, Jacob, le fruit de tes entrailles.
Ton ciel sera d’airain, ton sol sera de fer.
Plus de vin : la vermine aura mangé tes vignes.
Tu seras consumé par des fièvres malignes ;
Tu rongeras ton cœur amer.