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J’ai transporté mon peuple avec des ailes d’aigle
Jusqu’à cette montagne ; et j’ai fixé la règle
Dont jamais Israël ne devra dévier
Pour que, dans l’avenir, Canaan lui prodigue
L’orge et le pur froment, la grenade et la figue,
La noble vigne et l’olivier,

O toi, mon serviteur, tu diras à tes frères
De ne point élever de plaintes téméraires
Dans cette solitude où j’entraîne leurs pas.
Moi, je veille. Ils seront à l’abri des paniques.
Le temps n’usera pas le lin de leurs tuniques ;
Leurs pieds ne se gonfleront pas.

Sept peuples surgiront, vous barrant le passage.
Mais je suis le Puissant comme je suis le Sage !
N’ai-je pas, en voyant qu’on vous rompait de coups,
Arraché votre nuque au joug de l’esclavage ?
Vous serez contre tous comme l’âne sauvage ;
Tous s’acharneront contre vous.

Que de chair mangera la bouche de l’épée !
Cette race de chiens, cruellement frappée,
Connaîtra que je suis plus fort que tous ses dieux.
Je la consumerai par le feu de ma rage.
C’est que votre Seigneur, mes fils, quand on l’outrage,
N’est point miséricordieux !