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Les émirs d’Ismaël tressaillirent de crainte ;
Edom trembla ; Moab redouta mon étreinte ;
Et ta sœur Miryam, dont j’exaltais le cœur,
Glorifia son Dieu par les chants et la danse.
Les tambourins marquaient bruyamment la cadence
Et les femmes dansaient en chœur.

Voilà ce que j’ai fait. Parle donc, ô Moïse,
À ceux que tu conduis vers là terre promise
Et redis-leur souvent de ne pas m’oublier,
Pour que dans le péril l’Éternel soit leur aide ;
Car, s’ils me résistaient comme un peuple au cou raide,
Je saurais bien, moi, les plier !

Dans le désert de Sour leur détresse fut grande.
« Que ne sommes-nous près de la marmite à viande ! »
S’écriaient-ils. Alors je fis pleuvoir du ciel
Une manne abondante et qui les fit revivre ;
Et voilà que c’était plus brillant que le givre,
Avec une saveur de miel.

Puis, comme l’eau manquait, ils gémirent encore.
Ils disaient : « Faut-il donc que la soif nous dévore ?
Nos malheurs, sur les bords du Nil, furent moins grands. »
Et, comme ils t’en faisaient un injuste reproche :
« Prends ton bâton, te dis-je, et frappes-en la roche ! »
Les eaux jaillirent par torrents.