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N’éveilla-t-elle pas tes plus secrets instincts ?
Ô femme, il nous fallait accomplir nos destins.
Si nous perdîmes notre heureuse insouciance
En mordant au fruit dur de l’Arbre de science,
Nous ne mourûmes point comme Dieu l’avait dit.
En nous une clarté subite resplendit ;
Nous pûmes affronter l’épreuve salutaire,
Toi, m’enfanter des fils, et moi, dompter la terre !
Courbe-toi devant Dieu, mais sans honte. Aujourd’hui
Nous sommes plus parfaits et plus dignes de lui
Que sous les verts palmiers qui croissaient sans culture.
Non, le Seigneur n’a pas maudit sa créature !
Serais-je calme et fort et rayonnerais-tu
De tant de majesté, de grâce et de vertu,
Si Dieu nous écrasait du poids de sa vengeance ?
Il nous laissa faillir pour que l’intelligence
Nous avertît du mal, nous guidât vers le bien ;
Et le puissant esprit qui m’anime est le sien.


ÈVE


Oui, la vérité même éclaire ton visage !
Mais pourquoi le Seigneur, le Dieu clément et sage
Nous dit-il : « Gardez-vous de toucher à ces fruits ? »