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La puissance du fer un jour m’est apparue ;
Et la première fois que, traînant ma charrue,
J’ouvris profondément les entrailles du sol,
Les anges attentifs suspendirent leur vol.
Les plus rudes labeurs me devinrent faciles
Quand j’eus mis sous le joug deux taureaux indociles,
Mes bœufs au front robuste, aux larges flancs pourprés,
Que tu repais de l’herbe abondante des prés.
En mon nom, comme au nom de ces êtres sans nombre
Que soutient ta parole et que couvre ton ombre,
Sois béni pour les fruits des bois et pour les eaux
Où l’onagre altéré vient tremper ses naseaux !
Père, nous sommes tous l’œuvre de ta sagesse ;
Mais tu répands tes biens avec plus de largesse
Sur moi, ton premier-né, qui travaille âprement.
Vois, Seigneur : j’ai pétri la moelle du froment.
Nourris-moi de mon pain, si tu m’en trouves digne ;
Et que ma femme soit pareille à cette vigne
Qui naguère, en Eden, durant nos courts sommeils,
Multipliait ses fruits et ses pampres vermeils !


ÈVE


Les taureaux, maître, sont paisibles dans leur crèche.
Mange et bois. J’ai puisé cette eau limpide et fraîche,
Et je viens pour servir mon bien aimé seigneur.