Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée



IV

Je sais ! je sais ! j’ai vu l’existence. La loi.
Se développe avec majesté devant moi.
Prêtre d’un sanctuaire ineffable, j’encense
Dieu, le cœur de mes dieux ! Avant toute naissance
Il a dit au soleil : « Viens à moi. » J’ai compris..
Lorsqu’avec une joie intime je souris,
C’est que monte vers Dieu ma prière fervente.
Ô volupté terrible, ô sublime épouvante
De le voir face à face et sans baisser mes yeux,
Lui qui m’éblouissait même à travers les dieux !
La splendeur est son ombre. Il vit, seul, en lui-même.
Dire son nom serait un monstrueux blasphème :
Silence ! — L’Inconnu se révèle à bien peu ;
Mais moi, moi, sans mourir, de ma chair, j’ai vu Dieu !
Tandis que mon regard pénètre au fond des choses,
Les sources du savoir pour les vivants sont closes ;
Et s’ils pensent, après d’héroïques efforts,
Entrevoir la déesse au mystérieux corps,
La grande Isis, raillant leur angoisse cruelle,
Ramène le torrent de ses cheveux sur elle.