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Je redeviens enfant auprès de mes déesses.
Nephthys m’a réchauffé : que son souffle était doux !
Et, maternelle, Isis me prend sur ses genoux ;
Je bois son lait ; ses mains sont pleines de caresses.

Sur le fleuve caché j’erre avec Osiris.
Serpents, fuyez ma lance ; arrière, crocodiles !
La barque va glissant le long des vertes îles,
Dans les roseaux, parmi de légers tamaris.

C’est aux sources du Nil qu’il m’est donné de boire.
Je vis de nobles fruits, de froment, de mets purs.
Hauts comme des palmiers, s’élancent mes blés mûrs ;
Je les moissonne en paix dans les champs de la gloire.

Je perce de mes traits les ennemis des dieux.
Jamais d’impuretés sous mes blanches sandales.
Je vous ouvre au matin, Portes orientales,
Lorsqu’Osiris renaît dans son fils radieux.

Je ceindrais ses rayons s’ils me faisaient envie !
Vêtu de lin broché, d’or, d’heureuses couleurs,
Baigné de frais parfums, foulant des lits de fleurs,
J’aspire largement les souffles de la vie.