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Et le rouge mangeur d’entrailles n’aura pas
Les miennes pour en faire un sauvage repas !
Car je ne me suis point souillé par l’adultère.
Le silence te plait, Seigneur : j’ai su me taire.
Oui, tu me feras droit ! je n’ai jamais volé ;
Horkem n’a point commis de fraude sur le blé.
Vers toi, dont les regards brillent comme le glaive,
Pour me justifier, faible, ma voix s’élève…
Certes, je n’ai pas fait pleurer des yeux humains.
Ma bouche est innocente et pures sont mes mains ;
Tu ne souffriras pas que Set m’anéantisse.
Je suis pur ! je suis pur ! je suis pur ! Ma justice
À vêtu l’enfant pauvre et nourri l’affamé ;
Tu ne permettras pas que je sois consumé. »

Ils vont peser mon cœur. Ô terrible silence !
Plein d’angoisse, je vois osciller la balance.
Si j’avais oublié quelque faute ? mais non :
Tout le pays de Kemt glorifiait mon nom !
Et, tandis que je roule en moi cette pensée,
Ils observent, les dieux à la barbe tressée,
Si mou cœur pèse autant que l’image d’or fin,
Symbole rayonnant de la Justice… Enfin,
Les deux plateaux se font lentement équilibre.
Victoire à moi ! mon cœur triomphe ; je suis libre.