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II

Mais mon âme n’est plus dans ce cadavre roide.
Elle quitte une chair inanimée et froide ;
Voici qu’elle descend les ténébreux degrés
Qui vont vers la demeure aux pylônes sacrés
Où l’on compte les morts, où l’on juge les mânes.

« Ô toi, stable Osiris qui sauves et qui damnes,
Roi de l’éternité, maître de l’Amenti,
Je n’ai pas fait le mal et je n’ai point menti !
Âme errante, je viens du séjour mortuaire.
Ô puissant qu’enveloppe un rigide suaire,
Scrute-moi jusqu’au fond ! je ne veux pas m’enfuir ;
Je ne crains pas les fouets aux lanières de cuir ;
Je ne redoute pas, dieu bon, que tu m’endormes
Dans la lugubre nuit du mystère des formes,
Après la boucherie et le supplice ardent…
Horkem béni par toi, prince de l’Occident,
Ne sera pas, ainsi que les âmes damnées,
Immobile pendant des millions d’années,