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L’Âme heureuse


 
I

Ô Ciel inférieur, Terre des siècles ! l’homme
Avec autant d’effroi que de désir te nomme ;
Heureux s’il a vécu sans honte et sans remord.
Il passe ; rien n’est vrai, de sa vie éphémère.
À peine il vient d’entrer dans le sein de sa mère
Que déjà son visage est tourné vers la mort.

Enveloppé de lin, pris dans mes bandelettes,
Baigné d’huile de cèdre et couvert d’amulettes,
J’habite le Lieu frais, l’immuable Dessous.
J’attends. Par Anubis ma chair fut raffermie.
Lui-même a parfumé la sereine momie ;
Mon corps d’éternité ne sera point dissous.