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D’un Maître qui souvent frappe sa créature.
Je ne m’indigne pas qu’on t’appelle Nature :
Que tu sois le saint Juge ou la divine Loi,
Mon âme s’épandra, brûlante, devant toi.
Car les peuples anciens, frémissant de revivre,
M’apparaissent : chacun me présente son livre
Et veut donner la vie à mon hymne tardif
Par la foi qui n’est plus et l’accent primitif.
Puisse-je ressaisir, pour exprimer mon âme,
Leur pur enthousiasme et leur verbe de flamme !

Toi qui fus longuement et vainement cherché,
Pardonne, Être inconnu, pardonne, ô Dieu caché,
Si, croyant te bénir, ma bouche te blasphème.
Le silence est mortel pour une âme qui t’aime.
Laisse-moi soulever tes voiles à mon tour
Et te balbutier des paroles d’amour.