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esprit de désir. Ayons foi dans la nature divine de cette chose qui existe par elle-même ; et, sans nous être mieux connue, elle suscitera en nous les plus fortes émotions. C’est ainsi que, tout en avouant mon impuissance à connaître l’Absolu, je n’hésitai pas à croire qu’il dépassait infiniment tout ce qu’on a trouvé de plus sublime pour le mettre à la portée de l’esprit. Les religions expriment symboliquement des vérités que le langage ne serre pas d’assez près ; mais ces vérités elles-mêmes me parurent être de lointaines images d’une réalité que j’adorais sans la connaître. La partie la plus idéale de toutes les croyances fut à mes yeux comme un voile qui laissait transparaître bien peu de la lumière divine ; et c’est pourquoi, voulant grouper dans mon livre la plupart de ces pieuses rêveries, je lui donnai pour titre : Les Symboles.

En même temps je terminais mon examen des métaphysiques. De plus en plus je me pénétrai de la pensée moderne, qui est leur implacable ennemie ; et je me fortifiai dans une sagesse bien nouvelle pour moi par quelques études où je pris un grand respect de la science. J’en admirai les méthodes infaillibles, qui me firent mieux sentir le néant de mes chimères passées ; et je perdis le dédain que j’avais eu pour des vérités partielles, mais acquises à tout