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souvent on les identifie avec le dieu dont elles partagent la vie glorieuse.

Il est vraisemblable que la foi en l’immortalité se fortifia peu à peu chez les Égyptiens. La primitive croyance des peuples semble avoir été qu’il survivait quelque chose de l’être humain, non pas la partie essentielle, mais comme une ombre de lui-même. En Égypte, on crut que cette existence dépendait de la conservation du corps. Cela explique les soins donnés à la momie ; car une foi vraiment spiritualiste eût rendu inutiles tant de précautions. Quand la croyance à l’immortalité fut établie, on ne renonça point pour cela à de pieux usages. Il est possible qu’on ait persisté à les croire indispensables. D’après la doctrine égyptienne, l’âme quittait son corps, subissait le jugement et, si elle était déclarée innocente, rentrait en possession de ses membres rajeunis et transfigurés. Il est bien malaisé de savoir si toutes les cérémonies du jugement doivent être prises à la lettre ou regardées comme des symboles. On peut avoir le même doute relativement aux soins maternels dont les déesses entouraient les morts, animés peu à peu d’une vie nouvelle. Iris, comme symbole de la nature, est une conception plus moderne ; mais j’ai cru que je pouvais m’en servir.

Dans les deux poèmes, je me suis inspiré d’hymnes traduits par MM. de Rougé, Chabas, Lefébure et de Horrach, ainsi que du Livre des Morts, dont M. Pierret a donné une version. J’ai consulté le Panthéon égyptien, résumé fait par le même auteur, deux opuscules de M. Ledrain et un livre de M. l’abbé Ancessi : Job et l’Égypte. Mais les rapprochements que cet auteur établit entre l’Écriture sainte et la doctrine égyptienne m’ont paru forcés.


Adam et Ève. — Le sujet de ce poème est la destinée de l’homme ; il se rapporte à la pensée générale des Symboles en ce que Dieu est le premier auteur de cette destinée. Le travail et la douleur sont attachés à la vie humaine ; mais, comme elle y gagne en dignité, l’homme bénit Dieu d’avoir établi les choses comme elles sont. C’est ce que j’ai voulu exprimer.

Une telle interprétation du mythe d’Adam et Eve choquera ceux qui veulent y trouver, d’après la théologie chrétienne, un récit ou