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Ces deux maîtres firent pénétrer en moi quelque chose de leurs fortes croyances ; je retournai à l’Évangile et j’en saisis mieux l’esprit. Puisque les choses religieuses m’étaient en quelque sorte révélées, je voulus en connaître l’histoire ; aussitôt je fus épris du naturalisme des Aryas. Je cherchai une métaphysique appropriée à mes diverses tendances ; et, avec le secours de mes lectures, j’élaborai un panthéisme idéaliste qui, tout en me laissant croire à l’unité de substance, donnât un ferme point d’appui à ma foi dans la justice. Je me réservais toute liberté de choisir une hypothèse parmi celles que l’on a faites sur les destinées de l’âme,

Des circonstances qu’il est inutile de rapporter brusquèrent ma nouvelle évolution. Les sentiments qui couvaient en moi éclatèrent ; je fus en pleine crise d’idéal. Dieu absorba ma pensée, sans que je pusse me résoudre à faire de lui soit l’Être aimant et libre qui de rien a créé le monde, soit le Principe neutre d’où émanent toutes choses par une nécessité divine. Je conciliai comme je pus ces deux systèmes antagonistes, pour que Dieu m’inspirât un amour plus vrai et qu’en même temps il ne revêtît pas un caractère trop visiblement humain. Je voulus croire à la vie future et j’y parvins sans trop de peine. Mais je flottais entre le désir d’un entier