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NOTES


Le Cycle : l’Ame heureuse. — Les monuments les plus anciens de l’Égypte nous la montrent parvenue au monothéisme. « Au sommet du panthéon égyptien, dit M. Mariette, plane un Dieu unique, immortel, incréé, invisible et caché dans les profondeurs inaccessibles de son essence, o Les premiers tâtonnements de l’Égypte nous sont inconnus ; mais elle dut passer par le sabéisme, ou culte des astres, avant de s’élever à une notion abstraite de la Divinité. La mythologie populaire l’indique nettement. Comme le dit M. Pierret, cette mythologie réside dans le drame solaire. « Il se compose de plusieurs actes qui sont : la naissance de l’astre à l’Orient, son parcours diurne, sa disparition à l’horizon occidental, sa traversée nocturne de la région infernale et sa réapparition à l’Orient. »

Certaines expressions donnent l’idée d’un Dieu vraiment créateur. A l’origine, il a dit au soleil : « Viens à moi. » Cela ressemble au « Fiat lux » sans avoir la merveilleuse netteté de la formule biblique. D’autre part, le soleil est « le corps de Dieu » ; ce qui suppose une plus grande vénération de l’astre que si on en faisait un simple ouvrage de l’Être tout-puissant. Dieu, dont les hommes ignorent le vrai nom, est désigné par ceux du soleil. L’astre qui mûrissait les moissons, domptait les puissances ténébreuses, faisait la vérité sur la terre et descendait dans l’Amenti pour y juger les âmes fut, aux yeux des Égyptiens, une manifestation suprême de l’¨Être inconnu, une forme divine de son énergie, quelque chose comme une modification de sa substance mystérieuse. Peut-être que le Dieu des Égyptiens, dont il est malaisé de se faire une idée précise, fut intermédiaire entre l’actif Jéhova de la Bible et le Brahm neutre des Indiens. « Il a partout, dit M. Mariette, des agents qui