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ODIN

Est-ce la fin de tout, Vala ? Tu m’épouvantes.
Ni lumière, ni bruit ; plus de formes vivantes ;
Quoi donc ?


VALA


                       L’être inconnu, dont le souffle béni
Pénétra de chaleur tout l’espace infini,
Fera jaillir des flots une terre nouvelle.
Entends ce que l’esprit des siècles me révèle !
Je vois surgir un monde éternellement vert,
Beau, joyeux, diapré de fleurs et tout couvert
De splendides moissons que Ton n’a point semées.
Les jours sont clairs ; les nuits, tièdes et parfumées.
Avant d’être englouti, le soleil déjà vieux
Mit au monde une vierge aux doux et chastes yeux,
Et le ciel, qui la voit briller, salue en elle
Sa lumineuse amie et son âme éternelle.
La mer est toute bleue. Au-dessus de ses eaux
Volent des tourbillons de merveilleux oiseaux
Qui vivent de lumière et dédaignent la proie.
C’est une paix sacrée, une indicible joie.
Balder, sorti de Hel pour le bonheur sans fin,
Vit avec son aimée en un temple d’or fin,
Et, sage, prononçant des paroles augustes,
Il règne avec bonté sur un peuple de justes.