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Il ouvre sans effort la gueule de la bête
Qui frémit d’épouvante et dont le cœur halète.
Sa chaussure d’acier brise les dents du loup.
Il le déchire avec ses mains ; puis, d’un seul coup
De la masse de fer qui pend à sa ceinture,
Il abat sur le sol l’affreuse créature.


ODIN


Si je dois être ainsi vengé par mon enfant,
O femme, que me fait la mort ?


VALA


                                             Le ciel se fend,
Tombe, écrase la terre, et la terre s’abîme.
Seul, au-dessus des Ilots, surgit l’arbre sublime
Où s’engouffrait la voix des peuples et des dieux,
Le vieux Frêne, l’aïeul miséricordieux
Qui donnait leur pâture à des millions d’êtres,
Lui, déjà vénérable aux siècles des ancêtres !
Mais le feu destructeur hurle dans l’arbre saint ;
Et, tandis que la flamme implacable l’étreint,
Le Frêne tord ses bras, comme pris de démence.
Puis, lorsqu’est dévorée enfin la torche immense
Plus rouge sur la mer que le soleil levant,
Les cendres d’Yggdrasil s’éparpillent au vent.