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Ils meurent tous deux. Frey, qui n’a point d’armes, mord
Cruellement Loki, chancelle, et tombe mort.
Tyr et le chien de Hel se sont tués l’un l’autre ;
Et dans le sang de tous le grand aigle se vautre.
Le chef des dieux faiblit. Il aperçoit soudain
L’énorme loup : Fenris se jette sur Odin,
L’étrangle, ouvre une gueule écumante, et dévore
Son ennemi muet, mais qui palpite encore.
Les narines du loup ronflent des jets de feu,
Tandis que sous ses dents craquent les os du dieu
Avec le casque d’or, la cuirasse et la lance ;
Et sur le monde plane un terrible silence.


ODIN


Puissé-je rester calme en face de la mort !


VALA


Vidarr sort de ses bois. Il est sauvage et fort.
Il a toujours vécu sous d’épaisses ramures
Que respectait la hache, et pleines de murmures ;
Mais l’homme aux yeux songeurs sait que tu l’engendras,
Et le loup va sentir la force de son bras.
Sur un étalon vierge et nu, sans mors ni rênes,
Vidarr, loin des bouleaux, des aulnes et des frênes,
Galope dans la boue et dans le sang. Ton fils
Saute de son cheval et va droit à Fenris,