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ODIN

Quoi ! nos femmes aussi ? nos femmes mourront-elles ?
Pourtant n’a-t-elle point des grâces immortelles,
Freia dont les cheveux, le sourire ou les pleurs
Ont donné leurs doux noms aux plus suaves fleurs ?
O Vala, quand la grâce aura quitté le monde,
La terre ne pourra redevenir féconde ;
Rien ne fleurira plus.


VALA


                                     Heimdall sonne du cor.
Odin, qui resplendit dans une armure d’or,
Se précipite avec sa lance meurtrière.
Les dieux le suivent. Honte à qui reste en arrière !
Les durs géants du froid, les compagnons de Hel
Ont quitté leur navire et franchi l’arc-en-ciel ;
De rauques beuglements sortent de leurs poitrines.
Fenris jette un torrent de feu par ses narines.
Il te cherche ; tu lui fais signe de la main ;
Mais il mettra longtemps à frayer son chemin
A travers les grands ours, les louves affamées
Qui te montrent les dents, ô père des armées !
Midgard, auprès de qui Thor paraît comme un nain,
Le couvre tout entier de son mortel venin ;
Mais le marteau de Thor vibre dans l’air, et broie
Le crâne du serpent déjà sûr de sa proie.