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Et je déroulerai devant toi l’avenir,
Ton cheval en dût-il affreusement hennir.
Toi-même il faut t’armer d’un robuste courage
Pour voir entre tes mains s’effondrer ton ouvrage,
Patient ouvrier qui formas l’univers !
Contre les violents, les fourbes, les pervers
Tu batailles depuis l’origine des choses ;
L’angoisse étreint ton cœur ; jamais tu ne reposes ;
Et si partout le mal surgit auprès du bien,
C’est que la loi fut telle, et nul n’y pouvait rien.
Or, la vieille rancune et la tenace envie
Sauront déraciner le Frêne de la vie ;
Mais c’est après un vaste et suprême duel
Où l’on ne verra point fuir les héros du ciel
Que le saint Yggdrasil se tordra dans la flamme.
Pas une trahison n’affligera ton âme ;
Et, le mal ne devant jamais porter de fruit,
Nul n’aura la victoire et tout sera détruit.


ODIN


J’ai toujours souhaité qu’on me rendît justice.
Va, chante ; et que bientôt la mort anéantisse
Le vieil Odin lassé par d’éternels combats !
J’ai vécu pour l’honneur, et l’honneur ne meurt pas.