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VALA

Oui, dans la haute salle au toit de boucliers
Ils dévorent, muets, là chair des sangliers ;
Gonflés de bière, ils font d’interminables rêves
En regardant rougir des broussailles de glaives
Dans l’âtre qui projette une immense clarté ;
Sans doute qu’ils sont las de l’immortalité…
Ah ! les tristes héros ! La plus vaste des salles
Compte presque un millier de portes colossales,
Et, les siècles étant à la fin révolus,
Chacune vomira huit cents hommes et plus :
Mais, que le loup géant souffle sur cette armée,
Elle disparaîtra comme un peu de fumée.


ODIN


Crois-tu m’épouvanter, corneille de malheur ?
Ameute contre moi mes ennemis ; dis-leur
De ruiner mon œuvre et de hâter ma chute ;
Moi, vieillard, je suis prêt à soutenir la lutte,
Et s’il le faut, Vala, je me défendrai seul
À l’ombre d’Yggdrasil, le magnifique aïeul.


VALA


O le meilleur des dieux, Odin, je te salue !
Je connais maintenant ton âme résolue,